Le mont Puget

Le sommet des Calanques

Parmi les cimes

Avec ses 563 mètres, le mont Puget est le point culminant du massif des Calanques, qu’il forme avec les sommets de Marseilleveyre, l’Estret et la Gardiole. C’est le quatrième sommet du Parc national des Calanques, derrière le trio Carpiagne-Saint-Cyr-Lantin du massif de Saint-Cyr.

Visibles de très loin, ses falaises majestueuses surplombent le domaine de Luminy. C’est le seigneur des lieux. Le mistral le balaie régulièrement, scellant la rencontre au sommet de ces deux forces de la nature. Point de vue remarquable sur la ville et la mer, le mont Puget amène le regard sur la Sainte-Victoire et la Sainte-Baume, et au-delà, jusqu’au mont Ventoux et la presqu’île de Six-Fours.

Une montagne et un sculpteur

Son nom dérive du provençal puèch, issu du latin podium. Le sculpteur Pierre Puget hérite de la même étymologie, mais le toponyme précède la naissance de l’artiste. Une légende veut pourtant que ce soit Pierre qui ait donné son nom au mont ! Il est vrai que, tous deux éminents, ils entretiennent des similitudes…

La légende de la tête de Puget

En 1687, les échevins de Marseille veulent doter la Canebière d’une statue à la gloire de Louis XIV. Pierre Puget propose ses services : outre l’édification de la statue, il propose la construction d’une place bordée d’immeubles somptueux. Les édiles locaux refusent le projet au coût exorbitant mais Puget, furieux, n’en démord pas. Et c’est finalement le Roi lui-même qui doit intervenir pour faire abandonner le projet de l’artiste !

L’histoire raconte qu’une nuit de colère, Puget sculpte alors son propre visage dans la montagne. Vue de Luminy, la ligne de crête ressemble en effet étrangement au profil gigantesque d’un homme couché. Frédéric Mistral en fit même un poème…

Pierre Puget et les Calanques

Qui était Pierre Puget ? Né et mort à Marseille, c’est un célèbre peintre, sculpteur et architecte du XVII^e siècle. Admiré jusqu’à Rome, célébré par Baudelaire, on l’appelait le « Michel-Ange français ». Son prénom était prédestiné : la pierre fut le matériau de son génie, notamment avec les sculptures de marbre qu’il réalisa pour le château de Versailles.

Il conçut également l’hospice de la Vieille Charité à Marseille. Ses œuvres sont visibles dans les plus grands musées du monde, et figurent en bonne place au Palais Longchamp. Son attachement à la roche le rapproche naturellement des Calanques. Puget représenta notamment le massif de Marseilleveyre, dont il exagéra la hauteur dans un dessin de la rade de Marseille.

Si le sculpteur n’a pas laissé son nom au mont Puget, le jas de Puget lui appartenait bel et bien ! Situé au pied du massif de Marseilleveyre, au bout du boulevard de la Grotte Roland, il s’agit d’une bergerie entourée d’un enclos, où l’architecte exploita une carrière. La parcelle fut par la suite acquise par les Rostan d’Ancezune, également propriétaires du mont Rose après le départ de la famille Roze. Les terres de Puget furent finalement vendues aux Pastré et devinrent une partie de leur domaine.

« Quand Marseille, mère avare, te repoussa comme un gâcheur, ah ! Grand Puget, quel découragement dut contracter ton front et voiler ton soleil ! Mais quand pour donner l’air à ton ressentiment, tu vins, dans l’azur des cimes, battre à coup de marteau le flanc rocheux d’un pic, et que tu taillas brut, avec furie et tout d’un heurt, cette grande figure muette, que nous nommons depuis la Tête de Puget. »

Frédéric Mistral