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La surfréquentation

Encadrer le tourisme dans les Calanques

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Surfréquentation à En-Vau © Parc national des Calanques
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Overtourism in En-Vau © Parc national des Calanques
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Overtourism in the Calanque de Marseilleveyre © Parc national des Calanques
Les Calanques attirent de très nombreux visiteurs, à terre et en mer, en période estivale, mais aussi d’une manière générale sur tous les week-ends de beau temps. On en dénombre 3 millions chaque année. Pour concilier la protection des espaces naturels avec leur accès aux usagers, le Parc national tente d’encadrer cette fréquentation qui pose plusieurs défis.

 

Un territoire fragile et sous pression

Situé en zone péri-urbaine dans le troisième département le plus peuplé de France, et dans un territoire depuis longtemps destination majeure du tourisme international, le Parc national des Calanques est sans aucun doute celui qui reçoit le plus de visites en France. Pourtant c’est aussi le plus petit et l’un des plus sensibles.

 

De la fréquentation à la surfréquentation

Dès les beaux jours, les Calanques sont prises d’assaut. En périodes de pointe (week-ends de printemps et mois de juillet et août notamment), on peut compter sur certaines plages, comme à Sormiou ou En-Vau jusqu’à 3 000 ou 1 000 personnes respectivement – alors qu’en matière de confort, on sait qu’il ne faudrait pas dépasser quelques centaines. Sur la calanque de Sugiton, le problème ne concerne pas seulement la quiétude pour les visiteurs, mais aussi un impact majeur sur la flore du fait du piétinement répété et de l’érosion des sols qu’il génère. Avec près de 2 000 personnes par jour en pointe, la pérennité du couvert végétal est menacée, comme la régénération de la pinède, caractéristique du charme de cette calanque.

En d’autres endroits, comme au cap Canaille, le nombre de grimpeurs augmente sur des voies de plus en plus recherchées, tandis que l’activité nautique est parfois extrêmement dense au cap Croisette, dans certaines calanques ou sur certains sites de plongées. Des problèmes d’usages peuvent par ailleurs se poser entre les différentes activités.

 

 

Mieux gérer les flux et les impacts

Si l’attractivité du territoire a préexisté à la création du Parc national en 2012, il n’en demeure pas moins que le classement de ces espaces naturels suscite une attention supplémentaire. Mais les problèmes de fréquentation sont aussi liés à des mouvements plus généraux liés à l’attractivité du littoral qui dépassent le cadre des Calanques. C’est pourquoi le Parc national travaille en lien avec les partenaires institutionnels du grand territoire.

Il œuvre également à approfondir la connaissance de ses publics, afin de mieux comprendre ses attentes et influencer ses comportements et pendant les périodes de grande affluence. Outre la connaissance de la fréquentation, le Parc national gère la fréquentation via trois grands types de mesures :

 

Fréquentation et esprit des lieux : le cas de la route des Crêtes

Les belvédères de la route des Crêtes, trop facilement accessibles en voiture, n’offrent pas toujours la possibilité de s’imprégner du caractère du Parc national. L’expérience, souvent brève, se résume alors à une consommation immédiate de l’espace, le temps de prendre deux ou trois photos. En outre, le site n’est pas apaisé du fait d’une forte fréquentation par les motards, bruit de fond qui n’aide pas à capter l’atmosphère du lieu.

Sortir les engins motorisés des espaces naturels : une longue histoire

Le Parc national continue une démarche engagée depuis les années 1990 qui vise à repousser les engins motorisés (voitures en-dehors des massifs forestiers, bateaux en-dehors des calanques) pour les éloigner en périphérie du territoire. Des sentiers ont été aménagés et des signalétiques mises en place afin de permettre au public de profiter des lieux, mais sans recourir à un véhicule à moteur. La notion d’effort physique apparaît : la calanque se mérite.

 

À terre : l’exemple de Port-Pin et de la Gardiole

À Port-Pin, jusqu’aux années 1970-80, s’élevait une guinguette (dont il reste des vestiges bien visibles au fond de la calanque) et les visiteurs descendaient en voiture jusque sur la plage. Les voitures ont d’abord été reculées jusqu’à un premier parking créé à côté de l’auberge de la Fontasse, supprimé au début des années 2000, pour être remplacé par un parking à la Gardiole, à son tour remplacé par un troisième plus éloigné encore, situé au Logisson.

Le parking de la Gardiole, supprimé en 2019, était bondé aux beaux jours et posait d’importants problèmes de circulation, compliquant l’accès aux engins luttant contre les incendies. Aujourd’hui le site est en voie de renaturalisation, incitant le public à contempler le parcours qui le mène à la calanque, et à développer son regard trop souvent concentré sur le seul but de l’itinéraire. Cette découverte de la richesse naturelle et paysagère des milieux traversés lui était impossible en voiture. Il s’agit bien de donner une autre dimension à l’expérience paysagère, et de sortir d’une simple consommation de l’espace, en permettant une imprégnation de l’esprit des lieux et du caractère du Parc national. La route de la Gardiole est à ce titre symbolique de cette démarche.

 

En mer : l’exemple d’En-Vau

Jusqu’aux années 1990, un bateau de promenade effectuait une liaison maritime depuis le port de Cassis et débarquait sur la plage d’En-Vau un nombre considérable de personnes, qui venaient y pique-niquer le dimanche. Depuis le milieu des années 2000, tout débarquement est interdit. Aujourd’hui, le Parc national encadre de façon stricte les activités nautiques sur l’ensemble de son territoire. Et le mouillage est interdit sur la calanque d’En-Vau depuis 2021, afin de préserver les herbiers de Posidonie.