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Les vestiges militaires

Guerre et paix dans les Calanques

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Le castrum de Saint-Marcel © M. Chêne
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Le château d'If
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Fortifications du cap Morgiou
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Fortin de l'Escalette © Parc national des Calanques
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Ruines militaires à l'île Verte
De par leur emplacement stratégique, les collines, les Calanques et les îles ont été investies par les forces militaires à de multiples reprises. Il en résulte un important patrimoine bâti qui s’étend du Moyen-Âge à la Seconde Guerre mondiale, en passant par la Renaissance et le Grand Siècle.

 

En 50 avant Jésus Christ, toute la Gaule est occupée…

On pourrait commencer la longue histoire militaire des Calanques par Jules César qui, en 49 avant notre ère, installe ses galère à Ratonneau et assiège Marseille. Il a laissé son nom aux îles : Frioul provient de Fretum Julii : en latin, « détroit de Jules ».

Des siècles plus tard, entre 1295 et 1302, Charles Ier d'Anjou, pour défendre les côtes provençales régulièrement pillées par des incursions venues de la mer depuis le VIIIe siècle, fait construire une série de tours de vigie dont celle de l’île de Riou, encore visible aujourd’hui.

 

Un château fort à Saint-Marcel

C’est l’un des plus anciens vestiges médiévaux de Marseille avec la tour du Roi René du fort Saint-Jean. Sur les flancs du massif de Saint-Cyr, sur une crête orientée est-ouest, surplombant la vallée de l’Huveaune et offrant un panorama allant du massif de la Sainte-Baume à la colline de la Garde, c’est le castrum de Saint-Marcel. D’abord édifié par les Romains, il fait l’objet de destructions et reconstructions successives : les Catalans lui donnent le coup de grâce lors du Sac de Marseille en 1423.

Bien qu’en ruine qu’aujourd’hui, sa robuste architecture témoigne d’intenses luttes de pouvoir dans la cité phocéenne. Il fonctionnait en lien avec un autre castrum situé sur le Baou de Saint-Marcel, sur l’autre rive de l’Huveaune, de manière à verrouiller cette porte d’entrée de la ville. Le territoire où il se situe passera au XVe siècle dans les mains de la famille de Forbin : on disait alors que celle-ci détenait les clefs de Marseille…

 

La Renaissance (militaire) au Frioul

C’est le monument le plus fameux du Parc national des Calanques : la construction du château d’If a été décidée par François Ier et s’est étalée de 1524 à 1531. L’emplacement de l’îlot est stratégique pour protéger Marseille, port florissant du Royaume où se tient alors l’arsenal des galères. Il s’agit aussi de surveiller cette ville qui a plusieurs fois revendiqué son indépendance pendant le Moyen-Âge et qui, ne lui en déplaise, est française depuis 1482. Mais le bâtiment devient vite la prison idéale, de par sa situation et son architecture : elle sera rendue célèbre par Alexandre Dumas et son roman Le Comte de Monte-Cristo.

Plus tard, en 1598, c’est Henri IV qui ordonnera la construction du fort de Ratonneau pour protéger la rade et le port qu’il juge toujours trop exposés. Afin de surveiller les mouvements des navires et guetter l’intrusion des flottes ennemies, le littoral et les îles depuis Marseille jusqu'à La Ciotat ne vont plus cesser d’être équipés en vigies, fortins et autres ouvrages de défense.

 

 

Louis XIV et Napoléon dans les Calanques

Au XVIIe siècle, une série de batteries côtières est érigée pour pouvoir tirer sur les navires et empêcher un débarquement. C’est le cas des impressionnantes fortifications du cap Morgiou qui remonteraient à 1614, et qui ont été par la suite utilisées par les Anglais lors de la contre-révolution royaliste de 1793, puis renforcées au début du XIXe siècle.

Sous le règne du Roi Soleil puis de l’Empereur, les Calanques se dotent donc d’un important appareil défensif. Plusieurs forts et fortins font leur apparition : au Frioul, aux Goudes, à l’île Verte… Les sémaphores (du bec de l’Aigle, de Callelongue) se généralisent pour surveiller la côte. Certaines de ces constructions sont modernisées par l’Armée française à l’occasion de la Première Guerre Mondiale, comme à l’Escalette.

 

Le mur de la Méditerranée des Allemands

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands redoutent, à raison comme on le sait, un débarquement des Alliés sur les côtes provençales (qui aura finalement lieu dans le Var) : ils mettent alors au point le Südwall, ou mur de la Méditerranée, qui s’étend de l’Espagne à l’Italie. Ils renforcent les forts existants (Ratonneau, Cavau…) et en construisent d’autres. Ainsi de nombreux blockhaus et batteries jalonnent la côte.

L’accès à toutes les calanques, du mont Rose à La Ciotat, est fermé par des murs en béton (comme à En-Vau) et des barbelés (comme à Port-Pin). Plusieurs pistes sont ouvertes pour permettre aux véhicules militaires d’accéder au littoral, et des plateformes en béton sont créées, comme à Sugiton, au cap Canaille et à l’anse du Sec. Des corps de gardes postés à toute heure du jour et de la nuit surveillent les lieux dans des casemates : le refuge du Piolet en est était une à l’origine.

 

Sur terre et sous l’eau

Les ruines de la batterie du cap Cavau et du fort Géry témoignent de la violence des combats pour la Libération de Marseille : le Frioul et l’île Verte furent pilonnés sans relâche pendant trois jours par les Alliés, jusqu’à la capitulation de l’Allemagne le 28 Août 1944…

Mais on trouve aussi des traces de cette époque au fond des mers, avec plusieurs épaves d’avions. Le plus fameux aviateur qui perdit la vie dans ces circonstances à Marseille fut bien sûr Antoine de Saint-Exupéry