Le château d'If

Un îlot en cœur de Parc national

Une forteresse stratégique

En 1516, le roi de France François I^er s’arrête à Marseille après la victoire de Marignan et découvre l’Île d’If. Située à l’entrée de la rade de Marseille, l’île a une position stratégique et le roi ordonne d’y construire une forteresse.

Ce n’est qu’en 1524, après une attaque de Charles Quint, que les premiers murs du château sont construits afin de protéger le port de Marseille, où mouillent les galères royales. L’idée est aussi de surveiller les Marseillais, qui ont rejoint le royaume de France en 1481, et qui sont souvent en révolte contre le pouvoir central !

Une prison d’État

Dès les années 1580, peu après la fin de sa construction, le fort devient un édifice carcéral. Son architecture ainsi que sa situation insulaire en font une prison idéale, d’où il semble impossible de s’échapper. On y enferme les opposants politiques de tout bord.

Parmi les plus célèbres prisonniers figure le comte de Mirabeau, qui y fut emprisonné un an, et qui deviendra une figure de la Révolution française. Les détenus politiques des révolutions de 1848 et 1871 ont laissé des graffitis remarquables, véritables mémoriaux encore visibles aujourd’hui. Les derniers prisonniers seront des Allemands, détenus durant la Première Guerre mondiale.

Un château légendaire

Le lieu exerce une étrange fascination et conserve une aura de mystère, poussant certains à croire qu’'il abrita comme prisonniers le marquis de Sade ou le Masque de Fer, mais surtout un certain Edmond Dantès… Le château d’If est en effet mondialement connu pour avoir été immortalisé par Alexandre Dumas dans Le Comte de Monte-Cristo. Le roman connut un succès immédiat dès sa publication en 1844.

Le roman commence ainsi : « Le 24 février 1815, la vigie de Notre-Dame de la Garde signala le trois-mâts le Pharaon, venant de Smyrne, Trieste et Naples. Comme d’habitude, un pilote côtier partit aussitôt du port, rasa le château d’If, et alla aborder le navire entre le cap de Morgiou et l’île de Riou. » Plus loin, Dumas écrit : « Dantès avait été lancé dans la mer, au fond de laquelle l’entraînait un boulet de trente-six attaché à ses pieds. La mer est le cimetière du château d’If… »

François Billou, guide au château, raconte : « Dès 1850, les premiers lecteurs affluent vers le site, comme pour un pèlerinage. Quand je souligne que les premiers aménagements muséographiques avec les cellules de Dantès et de l’abbé Faria relèvent, selon toute vraisemblance, d’une mise en scène imaginée par les militaires au XIX^e siècle dans le seul but de satisfaire la curiosité des lecteurs, les visiteurs sont très surpris…Il s’en trouve même qui réfutent cette version, préférant considérer comme réelle l’histoire inventée par Dumas ! »

Un patrimoine culturel

Le château d’If forme un carré de 28 mètres de côté, flanqué de trois tours cylindriques : Saint-Christophe, Saint-Jaume et Maugouvert, percées de larges embrasures de tirs. La caserne Vauban est bâtie sur ordre du célèbre ingénieur. L’ensemble est perché sur un îlot calcaire nommé à partir du grec hypea, qui a évolué en iphium, signifiant « île inférieure », étant de taille réduite comparé à Pomègues et Ratonneau, et situé après eux sur le chemin qui mène au port de Marseille.  Une autre explication fait dériver le mot d’un terme occitan signifiant « rocher ».

Le château et le mur d'escarpe entourant l'îlot ont été classés monuments historiques le 7 juillet 1926. Cet événement va conduire à l’augmentation des touristes, qui pouvaient déjà accéder à l’île grâce à une ligne régulière mise en place en 1890, mais dans un certain inconfort, aucun débarcadère n’ayant encore été bâti sur l’île. Elle est aujourd’hui fréquentée par environ cent mille visiteurs par an.

Outre le roman de Dumas, le château rythme le refrain de la chanson Les îles d'or d’Alibert, et sert de décor au clip d’Au bois de Saint-Amand, que Barbara tourne en 1967, et au film French Connection qui date de 1971.

Un patrimoine naturel

Le château d’If est aujourd’hui géré par le Centre des monuments nationaux, qui travaille depuis de nombreuses années sur les thématiques environnementales. D’abord avec le CEN PACA, anciennement gestionnaire de l’archipel du Frioul, puis aujourd’hui avec le Parc national des Calanques créé en 2012, le CMN mène des opérations d’éducation à l’environnement et au développement durable, des observations sur site avec les étudiants, ou encore l’accueil de classes.

De même, le Parc national et l’équipe du château d’If travaillent ensemble à la sensibilisation des visiteurs aux bonnes pratiques et à la règlementation en cœur de Parc national.

Des remparts restaurés dans le respect des espèces

Depuis mars 2019 et jusqu’en octobre 2021, le Centre des monuments nationaux entreprend un chantier de restauration des remparts du château d’If, qui datent du XVI^e et XVII^e siècles. En même temps que ce chantier de restauration, des mesures provisoires et permanentes pour la protection des espèces protégés installés dans les remparts sont réalisées, notamment concernant le phyllodactyle d’Europe. Ce gecko très répandu dans les îles marseillaises a durablement élu domicile au château d’If ! Le projet, mené par AGIR écologique, est détaillé dans ce dossier, ainsi que dans la vidéo visible plus bas sur cette page.

« Il y en avait des choses à faire à Marseille ! Le cinéma, les bateaux, des voyages que l’on vous proposait comme ça, de but en blanc, ça m’aurait bigrement tenté, moi, le château d’If, un château dans la mer, ça devait être merveilleux… »

Joseph Joffo, Un sac de billes