Les multiples vies d’une calanque
Un passé industriel
L’histoire de la calanque de l’Escalette est étroitement liée au développement industriel du littoral sud de Marseille au XIXe siècle. L’implantation d’usines polluantes sur le littoral à l’entrée du massif des Calanques avait alors plusieurs avantages : une facilité d’accès à la mer, pour l’import et l’export des marchandises, et un éloignement du centre-ville densément peuplé.
L’usine de plomb
En 1851, au fond de la calanque, une usine de traitement du plomb est créée par M. Meynier. Construite en pierres de taille et en briques, elle est entourée d'habitations destinées aux ouvriers. Les cargaisons de minerais sont transférées depuis le petit port jusqu'à l'usine située plus haut. Le plomb produit est expédié par la mer ou par la route et sert à la fabrication de canalisations, ou entre dans la composition de verreries et peintures sous forme d’oxyde de plomb.
Au début du XXe siècle, le site est modernisé et agrandi. Près de 200 ouvriers y travaillent et jusqu’à 60 mille tonnes de minerais de plomb y sont traités chaque année. La banque Rodrigues & Cie, alors propriétaire de l’usine, fait faillite en 1911 et c’est la Société minière métallurgique Penarroya qui prend la tête de l’établissement. Confrontée à la chute du cours du plomb et à des difficultés d’approvisionnement en minerai, l’usine ferme définitivement ses portes en 1924.
Un site militaire
Points stratégiques, les hauteurs de la calanque servent depuis longtemps à la surveillance : le nom du quartier, escaleto en provençal, désigne d’ailleurs l’escalier qu’empruntait le gardien pour monter à sa vigie.
Les collines qui surplombent la calanque sont alors équipées d’une batterie militaire française autour de 1860. Armée de deux canons de semonce, elle comprend un fortin, agrandi en 1885. Cette batterie ne servira pourtant jamais, inadaptée dès la fin de sa construction aux nouveautés technologiques de l’époque !
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands travaillent au Südwall, ou mur de la Méditerranée. Ils creusent des tranchées et construisent des bunkers. Une casemate a été recouverte dans les années 60-70 sous des remblais provenant des travaux du métro marseillais !
La calanque de l’Escalette aujourd’hui
Les vestiges de l’ancienne usine sont aujourd’hui un lieu privé où sont présentées des expositions sur l’architecture et la sculpture (voir plus bas). Les anciennes installations militaires, non sécurisées, ne sont pas ouvertes à la visite. Le petit port de l’Escalette abrite désormais des barques traditionnelles de pêche marseillaises, les fameux pointus.
Le saviez-vous ?
Les scories, déchets de la production et du traitement du plomb, ont été employées pour aménager la route du littoral jusqu’à Callelongue. Cela explique la couleur plus foncée de la terre à certains endroits mais pose d’importants problèmes de pollution environnementale.
Le camping de la calanque Blanche : avant/après
À proximité directe de l’Escalette, et pendant près de 30 ans, le camping de la calanque Blanche a accueilli de nombreux touristes… Marqueur des évolutions du territoire des Calanques, ce site situé en surplomb de la route a depuis été rendu à la nature... Des plantes opportunistes et protégées s'y côtoient désormais et le très rare grillon maritime y a été récemment observé !
Sur la photo datée des années 50-60, on voit bien que le passage répété des voitures empêchait à la végétation de s'épanouir. La photo prise en 2019 montre un site beaucoup plus vert et apaisé. La pointe de l’île Tiboulen de Maïre à gauche et le bunker à droite constituent des points de repère immuables entre les deux clichés.
Ouvert entre 1950 et 1955, le camping de la calanque Blanche comptait une cinquantaine d'emplacements pour tentes. Des sanitaires étaient également présents sur le site. Fermé en 1981, le camping a accueilli un nombre grandissant de touristes allemands au fil des ans. D'après les témoignages recueillis, la cohabitation entre touristes et habitants se passait très bien... Pour certains, elle fut si bonne qu'elle bouleversa des vies. Une jeune habitante de l'Escalette et un touriste se sont en effet rencontrés sur le camping... Le couple est aujourd'hui marié et vit en Allemagne !
Visite et réglementation
Avant toute sortie au Parc national des Calanques, préparez votre visite et consultez les bons gestes à adopter et les réglementations à respecter.
On peut découvrir le hameau toute l’année. Les collines alentour sont également libres d’accès, sauf en cas de fermeture des massifs pour cause de risque d’incendie. Ne tentez pas d’entrer dans les constructions militaires non sécurisées et non aménagées.
Pendant la période estivale, il est possible de visiter la friche de l’Escalette : cette visite guidée comprend la visite des vestiges industriels, ainsi que la découverte d’une exposition temporaire d’architecture et d’art contemporain, renouvelée chaque année. Consultez les informations pratiques sur le site de la friche de l’Escalette.
Accès
Bus RTM n°19 – direction Madrague de Montredon jusqu’au terminus, puis un quart d’heure de marche, ou 20 – direction Callelongue, arrêt Escalette.
La route du littoral sud de Marseille est souvent encombrée, voire très embouteillée aux heures de pointe et le week-end, notamment pendant la saison estivale, et parfois dès la Pointe Rouge. Il est donc fortement conseillé pour vos trajets de privilégier les heures creuses, et les transports en commun ou le vélo.
Localisation
Coordonnées GPS : 43.225243, 5.347699