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Sormiou

Une calanque sous pression touristique

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© P. Richaud
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Cabanons in Sormiou calanque © C. Bellanger - Parc national des Calanques
Sormiou est de ces endroits où l’être humain entretient, depuis des générations, un lien profond avec la nature. Plus évasée que sa voisine Morgiou, cette calanque est depuis longtemps un lieu de villégiature, aujourd'hui surfréquenté l’été…

 

Visite et réglementation

 

Accès

Bus RTM n°23 – direction Beauvallon, arrêt La Cayolle, ou 22 – direction Les Baumettes, jusqu’au terminus, puis environ 45 minutes de marche.

Itinéraire de randonnée : la calanque de Sormiou par le col de Sormiou

Itinéraire de randonnée : la calanque de Sormiou par le col des Baumettes

Accéder aux Calanques depuis Marseille

 

Localisation

Coordonnées GPS : 43.210689, 5.419993

 

Carte des sentiers et des accès à la calanque de Sormiou

Cliquez sur la carte pour l'agrandir

 

Avant toute sortie au Parc national des Calanques, préparez votre visite et consultez les bons gestes à adopter et les réglementations à respecter.

L’accès au noyau villageois de la calanque de Sormiou est interdit à tous les véhicules à moteur aux dates et heures précisées sur cette page.

On peut découvrir le hameau toute l’année. Les collines alentour sont également libres d’accès, sauf en cas de fermeture des massifs pour cause de risque d’incendie.

Attention, la calanque est victime de surfréquentation l’été. La route d’accès est souvent encombrée, voire très embouteillée aux heures de pointe et le week-end. Le village est alors congestionné par la circulation automobile. Veuillez privilégier le bus et les modes de transports doux pour vous y rendre, et respecter les lieux : pas d’abandon de déchets, de nuisances sonores ni de stationnement sauvage.

Il est possible de se baigner à la plage de Sormiou (surveillée uniquement l’été et équipée d’un poste de secours), mais elle est surfréquentée l’été. Reportez-vous à notre page Plages et baignade pour davantage de renseignements.

 

Une occupation ancienne

Les lieux sont occupés depuis la Préhistoire, comme en témoigne la grotte Cosquer. Pendant la Haute Antiquité, ce sont les Ligures qui s’y installent, suivis bientôt des Grecs de Phocée, puis des Romains.

Une nappe phréatique est située sous la calanque, alimentant deux puits qui dateraient du XIVe siècle et qui ne se tariront qu’au XXe siècle : les pêcheurs pouvaient s’y installer durablement, et les excursionnistes s’y abreuver au cours d’une pause lors de leurs randonnées. Le nom de Sormiou signifie d’ailleurs en provençal la « meilleure source ».

Si la calanque se distingue par sa largeur, elle n’est cependant pas assez profonde pour accueillir les gros tonnages : seules des barques peuvent s’y garer. Vers 1880, parmi la cinquantaine de personnes occupant la calanque, s’y trouvent donc en majorité de modestes pêcheurs venus du village de Mazargues, devenu aujourd’hui l’un des 111 quartiers de Marseille.

 

La vie au cabanon

À Sormiou, cette activité de pêche sera plutôt de loisir, au contraire de Morgiou dédiée dès l’origine à la pêche professionnelle. Ici, des pêcheurs du dimanche venaient y taquiner le poisson le matin, et jouer aux boules l’après-midi.

Au départ simples abris de fortune confectionnés par les hommes, les cabanons furent à partir du XXe siècle investis par femmes et enfants. Un véritable art de vivre s’y développe, proche de la nature et dénué de confort moderne : on n’y trouve aujourd’hui encore ni eau courante ni électricité ! Les choses ont tout de même un peu changé depuis un siècle, avec l’installation de panneaux solaires, du gaz et du téléphone.

 

 

Douaniers et contrebandiers

Le plus long cabanon, aujourd’hui divisé en plusieurs habitations, abritait les douaniers. Les Calanques étaient en effet un haut lieu de contrebande, comme nous le raconte le journaliste et écrivain Marius Chaumelin :

« À voir l’escarpement affreux de la côte, toute contrebande semble impossible dans ces parages ; et pourtant, il ne faudrait pas s’y fier. Les rochers renferment bon nombre d’excavations, profondes et dissimulées, que les contrebandiers ont souvent remplies des produits de leur trafic frauduleux. Aussi ce littoral est-il activement observé, et les brigades de douane sont placées de distance en distance, partout, du moins, où un débarquement est possible. Le poste de Sormiou, placé au fond de la baie à mi-côte, domine un grand espace de mer : et d’ailleurs, de nuit et de jour, par terre et par eau, la brigade fait des reconnaissances scrupuleuses. »

 

La comtesse de Sormiou

En 1876, la calanque est achetée aux enchères par Charles Buret et Augustine Pascalis, qui l’offrent en dot à leur fille Marie. C’est en 1885 que celle-ci épouse le comte Alfred de Ferry, issu d’une vieille famille de l’aristocratie provençale, sous-préfet, écrivain et membre de l’Académie de Marseille. Elle vit avec lui dans leur bastide de la Magalone, située boulevard Michelet, y menant une vie mondaine et culturelle, recevant Frédéric Mistral ou Anna de Noailles. Mais Marie n’aime rien tant que passer du temps à Sormiou, où elle se rend à cheval pour y pique-niquer, et y écrire des vers chantant les beautés des Calanques…

Amoureux de l’endroit, le comte et son épouse décident de s’y faire construire en 1894 une résidence d’été. Elle est surnommée « le Château » par les Calanquais, tant elle paraît luxueuse au regard de leurs maisonnettes ! Le couple fait également édifier 17 cabanons, qu’il met en location à des tarifs très abordables. Ainsi les premiers occupants peuvent-ils demeurer dans la calanque, avant que de nouveaux s’y ajoutent…

 

 

Une histoire de familles

À la belle saison, les excursionnistes affluent, les guinguettes fleurissent : c’est le début de la société des loisirs. Le restaurant du Château, le centre UCPA et le petit port, dorénavant dédié à la plaisance, sont les héritiers de cette époque.

Autres dépositaires de cette mémoire, les habitants d’aujourd’hui sont pour la plupart les descendants des Mazarguais installés là depuis le XIXe siècle. Après le décès de Marie de Sormiou en 1956, ses arrière-petits-enfants se regroupent en SCI, et c’est à cette SCI que les cabanoniers louent désormais leurs habitations !

Aujourd’hui, en accord avec le Parc national et l’ONF qui est propriétaire des collines et du littoral alentour, les Calanquais continuent de préserver ce patrimoine culturel typique de la tradition provençale, niché dans un écrin naturel d’exception.

 

Le berceau mondial de la plongée

Ce paradis naturel se poursuit sous l’eau, où se sont aventurés des pionniers… C’est à Sormiou que, dès 1942, Georges Beuchat, Albert Falco et le commandant Cousteau réalisent les premières plongées en bouteilles, posant les bases de la plongée sous-marine moderne. C’est parce que les fonds marins sont ici particulièrement riches : Sormiou abrite notamment un bel herbier de Posidonie bien visible à travers ses eaux turquoise…

 

De l’art à Sormiou

Ce paysage préservé a été remarqué par bien d’autres artistes que Marie de Sormiou. L’écrivain Jean-Claude Izzo en parle dans ses romans, le peintre Joseph Inguimberty y a peint plusieurs toiles, et de nombreux films y ont été tournés : on peut citer par exemple Les Témoins d’André Téchiné avec Emmanuelle Béart, ou La French avec Jean Dujardin.

 

« La mer, une fois qu'elle a jeté son sort, tient pour toujours dans son filet d'émerveillement. »

Jacques-Yves Cousteau

Le saviez-vous ?

La route n’ayant été goudronnée que dans les années 50-60, l’approvisionnement régulier des résidents de la calanque et le transfert du poisson frais jusqu’en ville se faisaient à l’aide d’une caravane composée d’ânes. On raconte que ceux-ci connaissaient le chemin par cœur, et pouvaient faire l’aller-retour seuls ! On distingue encore aujourd’hui, au milieu des restanques, les murets de l’ancien chemin muletier empierré…