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Journée mondiale des Océans : ça chauffe en Méditerranée !

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En cette journée mondiale des océans, focus sur le changement climatique qui affecte de façon dramatique la mer Méditerranée… Mer quasi fermée, la Méditerranée se réchauffe à un taux 20% plus rapide que la moyenne mondiale (+1.27°C en 30 ans) et est touchée par des épisodes de canicules marines depuis les années 2000.

Connaître et s'adapter face au changement climatique

Hausse du niveau de la mer et des températures, multiplication d’événements de mortalité pour la faune marine, développement plus rapide des pathogènes, modification de la répartition des espèces… Les conséquences du changement climatique sur la biodiversité, la santé humaine et l’économie sont multiples et de mieux en mieux connues. Dans ce contexte, le Parc national des Calanques est devenu partenaire fin 2019 du projet Interreg Med MPA Engage en tant qu’aire marine protégée (AMP) sentinelle du changement climatique en Méditerranée. Les objectifs du projet sont de :

  • Mettre en place des suivis sur le terrain et auprès des acteurs pour développer un observatoire des effets du changement climatique sur le territoire marin du Parc national ;
  • Engager les acteurs locaux dans cet observatoire par les sciences citoyennes ;
  • Evaluer la vulnérabilité socio-écologique du territoire marin face au changement climatique ;
  • Adopter des approches participatives pour construire un plan d’adaptation au changement climatique.

Avis aux intéressés, le 18 juin prochain, aura lieu la première visioconférence de capitalisation (en anglais) du projet MPA Engage intitulée « Les AMPs méditerranéennes unissent leur force pour s’adapter au changement climatique ». Pour vous inscrire, cliquez ici !

Quelques effets locaux du changement climatique

Péril sur la grande nacre

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En moins de 5 ans, la plaisir d’observer une grande nacre vivante dans les eaux du Parc national des Calanques est malheureusement devenu un lointain souvenir… Depuis 2016, la grande nacre (Pinna Nobilis) est victime d’un épisode de mortalité massive d’abord observé sur les côtes espagnoles et qui s’est rapidement propagé… En cause ? Un redoutable parasite qui s’attaque au système digestif du deuxième plus grand bivalve au monde. Si l’on sait peu de choses sur ce parasite, sa prolifération est facilitée par l’augmentation de la température de l’eau. Un bon exemple d’un effet indirect du changement climatique donc.

A terme, la disparition de la grande nacre pourrait en retour avoir des conséquences importantes… Organisme filtrant (un individu peut filtrer, jusqu’à 200 litre d’eau par jour), la grande nacre assure un rôle d’assainissement de l’eau nécessaire à la survie d’autres espèces.

Une note d’espoir : à ce jour, les grandes nacres qui peuplent les lagunes ne sont pas encore victimes du parasite. Certaines zones de la Méditerranée semblent également encore épargnées.

L'arrivée du poisson perroquet

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Le poisson perroquet méditerranéen (Sparisoma cretense) est un indicateur du changement climatique. Cette espèce, qui vit généralement dans le sud de la Méditerranée, est en train de remonter vers le nord avec le réchauffement des eaux. Déjà signalé en Corse et dans le Var, cet herbivore aurait été observé dans les Calanques…

Si croiser ce beau poisson coloré lors d’une plongée n’est pas désagréable, l’arrivée du poisson perroquet pourrait avoir des conséquences non-négligeables. L’installation de cet herbivore pourrait mettre à mal l’herbier de Posidonie, habitat naturel clé de voûte de l’écosystème marin… 

La mortalité des gorgonnes lors des canicules

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Les colonies de gorgone rouge (Paramuricea clavata) sont parmi les premières victimes marines du changement climatique, touchées par des épisodes de mortalité massive. Cette espèce phare des habitats coralligènes méditerranéens ne supporte pas des écarts de température trop importants. Ainsi, en saison estivale, une augmentation prolongée de la température de la mer peut entraîner des vagues de chaleur sous-marines, fatales pour les gorgones rouges dont les tissus se nécrosent. Les zones blanchies indiquent sur la photo les zones nécrosées. 

L'herbier de Posidonie, rempart du changement climatique

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Victime potentiel du changement climatique et rempart contre ce dernier, l’herbier de Posidonie est le trésor de nos petits fonds. Habitat naturel clé de voûte de l’écosystème marin, l’herbier de Posidonie assure des fonctions d’abri, de nourrissage et de nurserie indispensables à la survie de nombreuses espèces.

Limitant l’érosion des côtes et permettant le maintien de la ressource halieutique, l’herbier de Posidonie rend également de nombreux services à l’homme. Super plante, l’herbier de Posidonie joue également un rôle majeur dans la séquestration durable du carbone : l’herbier de Posidonie séquestre 1500 tonnes de CO2 par hectare, soit 7 fois plus de carbone qu’une forêt de feuillus et 3 à 5 fois plus qu’une forêt tropicale ! Il est ainsi un sérieux atout dans la lutte contre le changement climatique.

Parce que sa protection est essentielle, le Parc national des Calanques a récemment adopté des mesures fortes pour le protéger. Les règles du mouillage ont ainsi été revues pour protéger l’espèce de l’ancre des bateaux.

Dans les eaux du Parc national et grâce au soutien de la société Interxion et Schneider Electric, l’herbier de Posidonie fait également l’objet d’une étude permettant d’assurer le financement d’actions nécessaire à sa protection.