Un sculpteur à La Ciotat
Les vestiges d’une propriété agricole
Aux siècles derniers, les Calanques étaient un territoire en partie agricole. Les bergers y faisaient paître leurs troupeaux de moutons et de chèvres et les paysans y récoltaient olives, figues, amandes, pois-chiches, lentilles et raisins.
Autour de la villa, les vestiges de cultures en terrasse, nommés restanques, témoignent de ce passé agricole. La plateforme circulaire à l’avant de la bâtisse était probablement une aire de battage des grains, sans doute remaniée par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale pour en faire un poste de tir.
Un artiste à Sainte-Frétouse
Suite à la déprise agricole du XXe siècle, les exploitations agricoles sont morcelées et rachetées par des propriétaires non ruraux, dont trois Suisses : René Teychené, Michel Simon et Walter Spaeny (ou Späny).
En 1930, ce sculpteur né en 1892 achète en effet un terrain après être tombé amoureux de la région lors de vacances passées au Mugel. Il fait de la ruine de l’ancienne ferme une salle de réception et un atelier, et s’installe dans le mas des Amandiers situé au-dessus. Ayant remporté un prix à Zurich, c'est à La Ciotat qu'il travaille à de nombreuses commandes. On sait que dans son atelier au toit de verre, il sculptait la pierre à l’effigie de jeunes hommes musclés, qu’il repérait dans les salles de culture physique ciotadennes !
La maison accueille ses amis suisses, d'autres artistes, des auteurs, des notables, faisant de ce coin de Sainte-Frétouse, en pleine garrigue, un haut-lieu de rencontres et d'échanges culturels ! Et c'est dans sa villa que l'artiste s'éteint, en 1952, à l'âge de 60 ans...
La villa aujourd’hui
La propriété est alors léguée à la sœur de Spaeny. Elle la revend en 1955 à deux personnes dont on ignore le lien : René Teychené et Léa Crémieux, qui divisent le domaine en deux. Le premier se réserve la partie supérieure du terrain et s'y fait construire une maison sur un ancien radar allemand. La deuxième garde la villa de Spaeny où elle séjourne le week-end, puis la délaisse. La maison se dégrade, est vandalisée, puis achève de se ruiner dans un incendie en 1982.
En 1996 meurt Léa Crémieux. La Ville de La Ciotat préempte alors la propriété, qui s'étend sur 11 hectares, et demande au Conservatoire du Littoral de l'acheter, ce qui est fait en avril 1997. Le terrain est ensuite intégré en 2012 dans le Parc national des Calanques, et ce sont ces deux institutions qui gèrent désormais ce domaine riche d'histoires...
Le saviez-vous ?
Plusieurs bustes, des bronzes et des plâtres de l'artiste sont exposés au musée ciotaden. Mais c'est surtout une sculpture au cimetière de Sainte-Croix de La Ciotat qui est à voir. Elle orne le tombeau des maquisards et rend hommage aux résistants et déportés de la Seconde Guerre mondiale. Intitulée « Pour la France jusqu'au bout », elle aurait été travaillée à partir de plusieurs modèles, dont un jeune athlète des Chantiers navals de La Ciotat. La statue fut d'ailleurs coulée dans la fonderie des CNC, avec du bronze provenant d'obus récupérés sur l'île Verte !
Visite et réglementation
Avant toute sortie au Parc national des Calanques, préparez votre visite et consultez les bons gestes à adopter et les réglementations à respecter.
On peut découvrir les alentours de la villa toute l’année, sauf en cas de fermeture des massifs pour cause de risque d’incendie.
Accès
La villa Spaeny se situe chemin du Sémaphore à La Ciotat, à égale distance de la chapelle Notre-Dame de la Garde de La Ciotat et du sémaphore du bec de l’Aigle. Elle est en ruine et son accès est interdit pour cause de danger de chutes de pierres. Se reporter à la page consacrée à Sainte-Frétouse et au cap Canaille pour davantage de renseignements sur le secteur.
Localisation
Coordonnées GPS : 43.171184, 5.584246