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Changement climatique : comprendre et s'adapter dans les Calanques

Suivi scientifique des gorgonnes rouges
Suivi scientifique des gorgonnes rouges © Septentrion Environnement
L’automne est bien installé et l’hiver arrive à grand pas, loin des chaleurs écrasantes estivales, les actualités sur le changement climatique se font plus discrètes en France bien que la COP30 vient de se terminer au Brésil ! La journée mondiale du climat, ce 8 décembre, est l’occasion de revenir sur les principaux effets documentés du changement climatiques dans les Calanques et les actions conduites pour les comprendre et s’y adapter…

À terre, un risque incendie accru

Avec les changements climatiques en cours et l’augmentation significative de la température de l’air, le risque incendie est plus élevé. Les végétaux soumis à des stress hydriques plus importants et sont plus vulnérables face aux épisodes caniculaires et au risque incendie. 

À l’été 2025, l’accès au territoire des Calanques a été interdit 19 jours. Ces journées rouges sont déclarées par la Préfecture en fonction de l’évaluation du niveau de risque d’après les données météo. Plusieurs départs de feu ont d’ailleurs été enregistrés, notamment du côté du Roy d’Espagne, de la Valbarelle, ainsi qu’à Cassis. Heureusement, ces incendies ont été rapidement maîtrisés grâce à l’intervention des services de secours.

Très fréquenté, le Parc national est particulièrement sensible au risque incendie. Parce que 90% des feux de forêts sont d’origine humaine, la sensibilisation du public est essentielle dans la prévention du risque. Chaque jour, les saisonniers du Parc national sensibilisent des centaines de visiteurs aux bons gestes et sont présents aux grandes entrées du Parc national lors des journées rouges pour informer et expliquer les fermetures des massifs.
 

Sensibilisation par des saisonniers
Au quotidien, les saisonniers du Parc national sensibilisent des centaines de personnes sur les bons gestes à adopter pour nous protéger du risque incendie

La prévention du risque passe également par la réalisation des obligations légales de débroussaillement (OLD). Celles-ci incombent à tous les propriétaires, publics et privés, et visent à sécuriser les biens et les personnes, garantir les conditions d’intervention des secours et ralentir la propagation du feu. Ces OLD sont en cours, l’hiver étant la saison la plus propice pour couper des végétaux avec un impact moindre sur la biodiversité. Les services du Parc national accompagnent les principaux propriétaires publics pour que ces travaux concilient au mieux sécurité du massif et préservation des paysages et de la biodiversité.

À retenir : 90% des feux de forêts sont d’origine humaine. Adoptons les bons gestes.

En mer, un réseau de suivi de la température de l’eau

Un suivi des températures de l’eau dans les Calanques a été initié à partir de 1999 par l’OSU Pythéas. Aujourd’hui réalisé en partenariat avec le Parc national, ce réseau est constitué de 4 sites comprenant des capteurs installés entre 5m et 40m de profondeur.

Les capteurs de températures sont placés aux mêmes stations d’année en année. Pour le Parc national, le relevé et le changement des capteurs se font une fois par an, en début d’année. Le bilan de l’année 2025 sera ainsi disponible au premier trimestre 2026. Ces données alimentent par ailleurs un réseau bien plus important déployé à l’échelle du bassin méditerranéen. Elles sont consultables et en libre accès sur la plateforme T-MEDNeT.

Les données récoltées dans les Calanques montrent bien le réchauffement rapide en cours en Méditerranée. Les graphiques ci-dessous décrivent l’évolution de la température de l’eau à la station de Riou entre 2007 et 2024 avec un focus sur la situation en 2022, année particulièrement chaude.
 

Température de l'eau 2007, site de Riou
Température de l'eau 2007, site de Riou
Température de l'eau 2022, site de Riou
Température de l'eau 2022, site de Riou
Température de l'eau 2024, site de Riou
Température de l'eau 2024, site de Riou

Le réchauffement des masses d’eaux est déjà visible, comme on le voit au travers des graphiques. Les capteurs ont enregistré des températures plus élevées (représentées en rouge) en 2022 et 2024 comparé à 2007 qui témoigne de températures plus froides (représentées en bleue). Les effets sont d’autant plus marqués pour les eaux proches de la surface.

Ces périodes de réchauffement correspondent, lorsqu’elles durent longtemps, aux vagues de chaleur marines. Ces « feux » sous-marins affectent la faune notamment les gorgones, éponges, coraux et oursins.

Les gorgones rouges sont les plus affectées dans le Parc national et bénéficient d’un suivi spécifique. Lors des vagues de chaleur marines de 2022, 69% des gorgones rouges sont mortes entre la surface et 40m de profondeur. Un taux de mortalité inédit. Cette année, un partenariat a été conclu avec l’association Septentrion Environnement  afin de participer à la mise en place d’un réseau en profondeur de suivi des populations de gorgones. 

A retenir : 69% des gorgones rouges entre la surface et 40m de profondeur sont mortes.

Un protocole pour étudier les espèces indicatrices du changement climatique

Les effets du changement climatique combinés aux autres pressions anthropiques ne sont pas facilement discernables. Toutefois, on observe en lien avec le réchauffement des eaux, à l’échelle mondiale, une migration des espèces mobiles des eaux les plus chaudes vers les plus froides et plus globalement un bouleversement de nos écosystèmes.

Un protocole standardisé a été développé en Méditerranée, permettant de refléter deux phénomènes liés au réchauffement des températures en mer, grâce à des espèces dites « indicatrices » :

  • La tropicalisation, soit l’arrivée d’espèces de la Mer rouge remontant par le Canal de Suez. Ces espèces sont dites lessepsiennes (du nom de l’ingénieur du Canal : Ferdinand Lesseps) ou plus simplement dites tropicales ;
  • La méridionalisation, soit l’amplification des espèces dites thermophiles, c’est-à-dire préférant des eaux chaudes, déjà présentes en Méditerranée.

Le Parc national a démarré en 2021 ce protocoleappelé Fish Visual Census, qui signifie "recensement visuel de poissons".

Sur notre territoire, les espèces tropicales suivies tels que le poisson flûte, le poisson ballon, le poisson lapin ou encore la rascasse volante n’ont pas été encore recensées de manière officielle dans le Parc national. Quant aux espèces thermophiles, des observations de plus en plus importantes de girelle paon sont notées tandis que le poisson perroquet a été vu une fois.
 

Girelle paon
La girelle paon, espèce indicatrice de la méridionalisation de la Méditerranée
Poisson perroquet
À ce jour, le poisson perroquet, espèce méridionale, a été observée une fois dans le cadre des suivis scientifiques
Poisson lapin © G.B. Ombrello
Le poisson lapin, espèce tropicale, n'a pas encore été repérée dans les Calanques. L'arrivée de cette herbivore pourrait fragiliser l'herbier de Posidonie © G.B. Ombrello

La tropicalisation et la méridionalisation sont encore peu visibles pour le moment dans les Calanques, qui abritent parmi les eaux les plus froides de la Méditerranée. La situation est tout autre sur des territoires voisins comme en Grèce ou sur les côtes italiennes, où les espèces tropicales sont de plus en plus nombreuses. Dans les prochaines décennies, ces changements devraient continuer à s’accentuer.  Les amateurs de pêche pourront notamment s’attendre à prélever des poissons très différents d’aujourd’hui.

Participez aux suivis des poissons !

Il est possible en tant que plongeur loisir de participer à acquérir des données dites de sciences participatives via les protocoles POLARIS, déployés par l’association Septentrion Environnement pour lequel le Parc national est également partenaire.

Changement climatique : comment agir ?

La réduction et l’adaptation au changement climatique est l’affaire de tous et passe par la transition de nos modèles de production et par nos choix quotidiens de consommation

De son côté, le Parc national s’engage pour la réduction des émissions de CO2 sur son territoire. Récemment, un appel à projet a permis de soutenir financièrement l’hybridation des navires de transports de passagers autorisés à naviguer dans les Calanques. Quatre navires à la motorisation thermique ont ainsi été électrifiés entre 2022 et 2024. Chaque projet permet une réduction annuelle de fioul de 30% à 40%. Compte tenu de la forte rotation de ces navires, cela représente plus de 20 000 litres de fioul économisés. Au côté des collectivités, le Parc national encourage également les mobilités douces et actives dans l’accès au territoire.

L’ensemble des actions menées sur le territoire pour protéger les écosystèmes terrestres et marins vise par ailleurs à renforcer la résilience de ces derniers face aux impacts du changement climatique. Une nature mieux préservée et une nature qui s’adaptera davantage aux changements globaux. En cela, c’est toute l'action du Parc national qui contribue à l’adaptation du territoire au changement climatique.