Deux baleines à bec de Cuvier s’étaient égarées dans le port de Cassis le jeudi 11 janvier 2018. Si le mâle a pu être secouru et reconduit au large, la femelle était déjà morte quand elle a été repérée. Au lendemain de cette triste découverte, les agents du Parc national ont procédé à l’autopsie du corps. Cette opération devrait nous permettre d’en apprendre plus sur les raisons de l’échouage.

Récit de l’opération

Longue de 4,5 mètres et pesant près de 4 tonnes, la dépouille de l’animal avait pu être tirée hors de l’eau au soir du 11 janvier grâce aux moyens mis à disposition par les sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône. Le lendemain matin, trois agents du Parc national, épaulés par leurs collègues du GECEM (Groupe d’étude des cétacés de Méditerranée) et du GIS 3M (Groupement d’intérêt scientifique des mammifères de Méditerranée), ont pu procéder à l’autopsie dans un endroit abrité des regards aux abords de la plage de la Grande Mer. L’opération a duré quatre heures et a consisté en une série de prélèvements sur le corps de l’animal. Un important travail de coordination et de communication sur le terrain a également été nécessaire afin d’informer les élus et la population, d’organiser la venue des services d’équarrissage et de sécuriser le site - de potentiels risques sanitaires n’étant pas à exclure si l’animal se révélait malade.

Une série de prélèvements biologiques

De la peau, du gras, du muscle, des dents, le rein, le foie, les bulbes tympaniques… De nombreux prélèvements ont été effectués sur l’animal. Le décès étant récent et l’autopsie ayant pu se dérouler dans les meilleurs délais, il a même été possible de prélever des bulles d’air présentes dans l’animal afin d’identifier d’éventuelles substances auxquelles l’animal aurait pu être exposées. L’ensemble des échantillons a été transmis à un vétérinaire du GECEM pour analyse. Ils permettront d’en savoir plus sur l’animal (son âge notamment) et peut-être d’identifier la cause précise de son décès. Aucune piste n’est pour le moment écartée : maladie, intoxication, traumatisme ayant entrainé une défaillance du système d’orientation… Les résultats sont attendus dans les prochains jours.

Le professionnalisme des agents

Autopsier une baleine est une opération qui requiert du sang-froid et la parfaite maîtrise d'une série de gestes techniques. Les agents du Parc national des Calanques déployés sur cette opération et leurs collègues du GECEM et du GIS 3M sont tous membres du Réseau national d’échouage (RNE). Placé sous la tutelle du Ministère chargé de l’Ecologie, ce réseau est garant du respect d’un protocole technique et scientifique permettant la bonne exécution des opérations liées à l’échouage de mammifères marins. Dans le cadre du réseau RNE, les agents du Parc national ont notamment suivi une formation spécifique, théorique et pratique, leur donnant une habilitation spéciale pour effectuer des prélèvements sur des mammifères marins à des fins scientifiques.