Plus de mille ans d’histoire
Une forêt multiséculaire
Avant de courir au belvédère et à la calanque, il faut s’attarder dans cette très belle forêt, qui recèle une biodiversité exceptionnelle. Au cœur du campus, on verra notamment des chênes blancs de Provence. Plus loin s’étendent de grandes pinèdes. Nombreux sont les arbres qui sont ici plus que centenaires, malgré le fréquent passage du feu qui a obligé la forêt à se reconstituer plusieurs fois.
Les quelque mille hectares du domaine restés naturels sont gérés par la Ville de Marseille et l’ONF. Depuis 2011, le domaine de Luminy bénéficie du régime forestier : un ensemble de garanties qui permet sa préservation, encore accentuée par son intégration dans le Parc national des Calanques créé en 2012.
À l’origine
Deux hypothèses expliquent sa toponymie. Elle proviendrait du latin lumen, renvoyant à l’utilisation antique du mont Puget comme vigie lumineuse la nuit. Autre piste, traditionnelle à Marseille : le nom d’un ancien propriétaire, qui s’appelait Luminie, comme le stipule un acte du 14 mai 1672 aujourd’hui conservé aux Archives municipales.
Historiquement, Luminy et Sugiton appartiennent au même domaine. Au XIe siècle, les Vicomtes de Marseille l’offrent à l’abbaye Saint-Victor. En 1242, les bâtiments religieux sont agrandis par Nicole de Roquefort, abbesse cistercienne de Saint-Pons à la Sainte-Baume. Ils prennent le nom d’abbaye Notre-Dame-du-Mont-de-Sion et sont destinés à recevoir les jeunes filles de la noblesse provençale.
Une intense activité
La propriété est acquise par la famille d’Ollières en 1450. L’agriculture s’y développe, sur un terrain de 1200 hectares, avec des céréales (blé, avoine), des arbres fruitiers (oliviers, amandiers, mûriers, figuiers, cerisiers) et de la vigne (déjà cultivée par les moines). On y pratique aussi le gemmage des pins et l’élevage des moutons. Jusque dans les années 1960, il n’était pas rare de croiser des chèvres sauvages sur les pentes.
Le domaine comprend alors deux bergeries, notamment celle du jas de Sugiton, dont les ruines subsistent au pied du mont Puget. Depuis la bastide jusqu’aux collines, de nombreux autres vestiges sont encore visibles (puits, citernes, restanques, bassins, fours à chaux, carrières…).
Le domaine des Fabre
En 1819, l’armateur marseillais Augustin Félix Fabre achète le domaine. À sa mort en 1850, les héritiers y construisent un réservoir pour l’irrigation des cultures, plantent des arbres d’ornement et agrandissent la bastide. Le destin de Luminy est lié à l’essor du négoce à cette époque. Son nom résonne jusque dans le commerce familial, avec plusieurs bateaux ainsi dénommés, dont le Luminy II construit au chantier naval de La Ciotat.
Au début du XXe siècle, Paul Cyprien Fabre devient le propriétaire du domaine. Il aime le parcourir à cheval et se fait surnommer « le Centaure ». C’est ainsi que le sentier qui contourne le mont Puget et surplombe Sugiton s’appelle le « chemin du Centaure ». En 1923, l’armateur rénove le parc, plante des pins, des chênes, des cèdres, et crée une route pour accéder aux criques.
Un lieu de villégiature
À cette époque, les routes sont mauvaises : il faut alors plus d’une heure pour atteindre la bastide Luminy. Les femmes et les enfants y passent tout l’été, profitant de la campagne. Les hommes les y rejoignent en fin de semaine. On joue au billard, on chasse, on pêche, on rend visite aux Pastré, on organise des concerts, on part en expédition pour pique-niquer dans les collines.
Le domaine de Luminy comptait aussi des fermes, qui continuent depuis le Moyen-Âge de cultiver fruits et céréales. Un troupeau de plus de 200 bêtes parcourt alors les collines. On y croise une population typique des Calanques d’alors : bergers, pêcheurs, chaufourniers, charbonniers, douaniers…
La faculté de Luminy
A la fin de la seconde Guerre Mondiale, l'Etat devient propriétaire du domaine. Dans les années 60, un campus est créé dans sa partie centrale. Sa partie périphérique est vendue en 1963 à la Ville de Marseille qui y implante d’autres structures, notamment de détente et de loisirs, tout en conservant son caractère naturel.
Le pôle universitaire est conçu par René Egger, architecte officiel de la ville. Les contraintes liées au site (patrimoine naturel, éloignement…) l’engagent à s’inspirer des campus anglo-saxons. L’École d'art et d'architecture, composée de patios, de galeries, de calades et de pilotis, a été labellisée patrimoine du XXe siècle en 2007. L’ensemble des bâtiments accueille aujourd’hui près de dix mille personnes (étudiants, professeurs, chercheurs et entrepreneurs).
Visite et réglementation
Avant toute sortie au Parc national des Calanques, préparez votre visite et consultez les bons gestes à adopter et les réglementations à respecter.
On peut découvrir le domaine toute l’année, sauf en cas de fermeture des massifs pour cause de risque d’incendie. Le site de Luminy est particulièrement sensible au feu de forêt.
Attention, le domaine de Luminy et la calanque de Sugiton sont victimes de surfréquentation l’été. Veuillez privilégier le bus pour vous y rendre (les parkings peuvent vite être saturés), et respecter les espaces naturels : pas d’abandon de déchets ni de nuisances sonores.
La règlementation spécifique du domaine de Luminy interdit d’y faire du vélo et du cheval.
Accès
Bus RTM B1 ou 521 en soirée – direction Campus de Luminy, arrêt Luminy – PN des Calanques.
Localisation
Coordonnées GPS : 43.229912, 5.443016
Ressource en ligne
En vidéo
En lien
La calanque et le belvédère de Sugiton
Itinéraire de randonnée : les monts de Luminy
Itinéraire de randonnée : la calanque et le belvédère de Sugiton
Itinéraire de randonnée : le tour du mont Puget
Itinéraire de randonnée : la traversée des Calanques
L’histoire de Luminy sur le site du CIRM
Du Redon à Sugiton en passant par Luminy, dans la revue Marseille
Le domaine de Luminy, dans la revue Marseille
Les installations universitaires de Luminy en 1968 sur le site de l’INA
Luminy, centre de recherche scientifique universitaire, dans la revue Marseille
La fiche consacrée à l’École d'art et d'architecture sur le site du Ministère de la Culture
L’architecture par René Egger, dans la revue Marseille
Marsactu rencontre René Egger, architecte du campus de Luminy