De l’eau dans la garrigue
Un chantier titanesque
Il traverse la Provence sur 84 kilomètres pour sa partie principale, et 160 kilomètres en comptant les canaux de dérivation dans la cité phocéenne. Construit de 1839 à 1854 sous la direction de l'ingénieur Franz Mayor de Montricher, il amène depuis 1849, via la citerne du Palais Longchamp, les eaux de la Durance dans un territoire autrefois aride et soumis à de graves problèmes d’hygiène.
Quinze ans seulement ont été nécessaires pour mener ce projet à bien, constitué de 18 ponts, dont l’aqueduc de Roquefavour, et de 17 kilomètres en souterrain. Jusqu'en 1970, il fut la source quasi unique d'alimentation en eau de la ville pour le nettoyage des rues, l'arrosage des cultures, l’industrie et la consommation, et en fournit encore les deux tiers de nos jours. Il est complété aujourd’hui par le canal de Provence qui amène les eaux du Verdon.
Le canal dans le Parc national des Calanques
Lors de son développement sur l’ensemble de la ville après 1849, il a modifié rapidement le paysage marseillais en permettant d’arroser les champs et les jardins des bastides. Il a ainsi donné un essor considérable à toute l’agriculture du terroir marseillais, ainsi qu’aux industries des Calanques : Escalette, Legré-Mante, etc.
Dans sa partie sud, il traverse aujourd’hui la vallée de l’Huveaune, puis, bifurquant vers l’ouest, parcourt la Valbarelle, Saint-Tronc, le Cabot, le Redon, Mazargues, le Roy d’Espagne, la campagne Pastré et la Madrague de Montredon. Il se jette dans la mer au mont Rose, après avoir approvisionné en eau tous les quartiers de la cité phocéenne. Sur ce trajet, il sert souvent de limite nord au cœur ou à l’aire d’adhésion du Parc national. Il y forme souvent des « rigoles », ou canaux de dérivation, plus étroits que le canal principal tel qu’on peut le voir par exemple au nord de Marseille.
Le canal en littérature
C’est Marcel Pagnol qui donnera ses belles lettres au canal dans le deuxième tome de ses souvenirs d’enfance : Le Château de ma mère. Mais dès 1837, alors que le canal n’est pas encore construit, Stendhal décrit l’importance de l’enjeu :
« Du Rhône au Var on ne voit que des monticules arides, couverts de serpolet : c’est là la Provence ; dans les points bas qui séparent ces monticules et où se rencontre un peu d’humidité, quand il pleut, on trouve quelque culture. Tout le reste est brûlé par le soleil. Demandez-vous un peu d’eau à une maison, on vous offre du vin ; l’eau va se chercher à une lieue de là et à l’heure des repas seulement : pour le moment il n’y en a point.
Réellement la Provence devrait faire tout au monde pour détourner la moitié de la Durance ou une branche du Rhône, et jeter cette eau dans le port de Marseille ; si l’on exécute ce projet, qui sans doute est praticable, il donnera la vie à un million d’hommes nourris par les plantes qui naîtraient de l’alliance de l’eau et de la chaleur. Marseille, en particulier, devrait tout faire pour amener une rivière dans son port, qui, tôt ou tard, lui donnera la fièvre jaune, et peut-être après le choléra. »
« Mon souffle s’arrêta… C’était bien le canal de mon enfance, avec ses aubépines, ses clématites, ses églantiers chargés de fleurs blanches… »
Marcel Pagnol
Visite et réglementation
Avant toute sortie au Parc national des Calanques, préparez votre visite et consultez les bons gestes à adopter et les réglementations à respecter.
Du côté du Parc national, le canal de Marseille parcourt les piémonts nord des massifs de Marseilleveyre et de Saint-Cyr, mais ses abords sont souvent sécurisés par des grilles et interdits d’accès. Le meilleur endroit pour le découvrir et marcher sur ses bords aménagés en promenade est la campagne Pastré, où il constitue d’ailleurs la limite du cœur du Parc national.
Accès
Par la campagne Pastré, bus RTM n°19 - direction Madrague de Montredon, arrêt Montredon Pastré.
Localisation
Coordonnées GPS : 43.235474, 5.374747