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Pour Monica Petit-Tixier, le patrimoine culturel des Calanques mérite d’être préservé autant que le patrimoine naturel… les deux étant liés ! Avec son association, elle s’est donnée pour mission de faire vivre la mémoire de Michel Simon, cette figure du cinéma du 20e siècle.

Portrait par Éric Lenglemetz, recueil du témoignage par Noëlie Pansiot.

Un bout d’histoire de la Ciotat dans un écrin de nature

Dans les années 89-90, je venais promener avec ma petite fille vers Figuerolle. Ce lieu absolument magnifique est typique de la Ciotat, avec le poudingue, cet amalgame de galets qu'on ne trouve qu'ici. Il y a le bec de l'aigle qu'on voit de loin, le rocher en forme de chien. Les falaises ocres, couvertes de verdure qui contrastent avec le bleu méditerranéen. Moi j'aime La Ciotat, voilà c'est viscéral. Je suis Marseillaise mais le jour où je suis venue à La Ciotat, ça a été ma ville et ça le restera toujours. Et c’est en me baladant ici que j'ai rencontré la petite fille de Michel Simon, Martine Simon. J'ai été étonnée d’apprendre que Michel Simon avait vécu là, dans cette maison qui était maintenant squattée.

À l'époque, j'étais membre de l’association La Ciotat berceau du Cinéma. Comme vous le savez, l’Eden, à la Ciotat, est la plus vieille salle de cinéma du monde. J'étais très sensible au cinéma et à cette ville. Quand j'ai appris que la maison était en vente, j’ai alerté la municipalité en disant : “Écoutez, il y a un bien incroyable, situé dans un endroit absolument extraordinaire et qui a appartenu à Michel Simon”.

Il faut savoir que Michel Simon est considéré comme le plus grand acteur du 1ᵉʳ siècle du cinéma ; il a tourné avec Renoir, Carné, Sacha Guitry. Il a fait beaucoup de navets aussi, il faut le dire mais bon, il fallait bien vivre. En tous les cas, il ne faudrait pas que sa maison disparaisse ! Puis, entre la gare, le Palais Lumière, l'Éden et la villa Michel Simon, il y a un parcours cinématographique très intéressant à préserver.

Avec l’aval de ses petites filles, j’ai donc créé l'association Les Amis de Michel Simon pour contribuer à sauver la villa. Comme moi, Maya et Martine Simon voulaient que cette maison perdure, quitte à baisser le prix de vente. En 1990, la ville a fini par leur acheter la maison. Voilà comment nous avons pu préserver ce beau patrimoine.

Michel Simon, un Ciotaden d’adoption et un homme simple

Michel Simon est genevois. Il arrive un jour dans « le train entrant en gare de La Ciotat », et tombe vite amoureux de cette charmante cité où les Frères Lumière firent leurs premiers pas cinématographiques. Il eut un coup de cœur pour ce site jusqu’à investir dans une bastide, en 1946.

L’artiste a fait construire une tour attenante à la villa, tout en galets et réalisée, sur sa demande, sans fil à plomb ! Il voulait vraiment que la maison se fasse d'une manière douce et authentique. Il venait ici très régulièrement. Il avait une grande salle de projection. J'espère qu’elle restera en l'état et qu’on pourra y projeter ses films. Et puis, dans ce domaine, en bord de mer, il y a une table avec un petit banc en pierre. Michel Simon y venait souvent. On surplombe une falaise, c’est absolument magnifique.

Grâce à son meilleur ami photographe, on a beaucoup d’archives. On le voit aussi marcher dans les calanques ou jouer aux boules. Il faut savoir que les Ciotadens avaient l'habitude de voir Michel Simon. Comme il n'y avait pas le téléphone à l'époque, il allait à la poste tous les jours pour aller chercher ses courriers ou ses télégrammes. Il allait à la mer, à Figuerolle ou au Mugel. Il allait régulièrement dans un restaurant au Clos des Plages, c'était sa cantine. Donc les Ciotadens avaient l'habitude de le croiser.

Mais je me suis vite aperçue que les jeunes ne connaissaient pas ce personnage, à part les cinéphiles, bien entendu. C’est pourquoi, pour l'anniversaire du centenaire du cinéma et de Michel Simon (ils sont nés la même année. Michel Simon avait dit à ce propos « un malheur n’arrive jamais seul ») j'ai présenté l’histoire de Michel Simon dans les écoles, les lycées, les collèges. On leur a passé le film Le vieil homme et l'enfant et il y a eu un petit déclic. Ils voyaient Michel Simon comme la mauvaise gueule, le mauvais type, le bourreau, et ils se sont aperçus que c'était un homme tendre et un acteur fabuleux.

C’était aussi un ami des bêtes et de la nature. Une de ses compagnes m’a raconté qu’un jour, alors qu’il vivait à Noisy-le-Grand, des crapauds, quelques grenouilles et des têtards se sont installés dans sa piscine. À partir de ce moment-là, ils n’ont plus pu se baigner, c’est devenu la marre des animaux. De même, si une branche d’arbre poussait contre la vitre et cassait le carreau, il ne changeait pas la vitre, il laissait l’arbre pousser. Voilà, il était comme ça. C’était avant tout un homme simple.


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